Avec le confinement, la consultation à distance s’est largement développée. Les professionnels de santé ont rapidement mis en oeuvre des consultations vidéo afin de rester au plus près de leurs patients. Alors que la méfiance était assez grande par rapport à ce type de pratique, les français y ont très largement eu recours pendant cette crise sanitaire. Désormais, alors qu’une partie de la France est déconfinée, quel est l’avenir de cette technologie ?
De nouvelles façons de soigner
La télémédecine est en plein essor car elle permet une prise en charge des patients qui ont besoin d’une surveillance accrue. En effet, la télésurveillance pourrait être développée afin d’améliorer la prise en charge des personnes âgées, dépendantes ou des maladies chroniques. La téléassistance et la téléexpertise devraient également apporter en qualité de soins. Au niveau des consultations à distance, des limites s’opposent toutefois à la généralisation de cette pratique.
L’absence d’auscultation
Les consultations dans les cabinets médicaux ont un rôle plus important que le simple diagnostic. Le médecin doit en effet vérifier l’état de santé de son patient, vérifier ses constantes et pratiquer des palpations parfois indispensables. Écouter le bruit des organes peut ainsi permettre de déceler un problème particulier.
Le diagnostic définitif ne peut parfois être posé qu’à ces conditions. A distance, via la téléconsultation, cette auscultation n’est pas possible. La marge de manoeuvre est ainsi plus restreinte qu’en rendez-vous physique. Cette technologie ne peut être utilisée que dans certains cas de figure bien spécifiques et complétée par un suivi rigoureux du parcours de soin, avec renvoi vers les urgences par exemple en cas de nécessité.
Une consultation sélective
La téléconsultation ne peut pas remplacer le mode de fonctionnement habituel puisque tous les Français ne disposent pas du matériel informatique nécessaire. Tous les foyers ne possèdent pas un ordinateur, une connexion internet de qualité ou une webcam pour échanger virtuellement.
Tant que cette situation perdurera, il ne sera pas possible de généraliser la téléconsultation. Il n’est pas question de priver une partie de la population de l’accès aux soins. Reste à savoir si le gouvernement serait prêt à équiper tous les ménages pour que cette technologie soit parfaitement employée.
Les enjeux des téléconsultations
Du côté du corps médical, les praticiens étaient peu enclins à se lancer dans les téléconsultations. Pourtant, la covid-19 a démontré quelles peuvent être ses applications. La surveillance des personnes âgées ou des malades chroniques peut passer par ce type de technologie particulièrement efficace. Elle évite que ces patients se retrouvent seuls face à leurs affections.
La télémédecine peut également s’avérer intéressante pour désengorger les urgences et lutter contre les déserts médicaux. Les idées d’utilisation ne manquent pas puisque la technologie permet désormais d’apporter un avis médical précis à distance.
Pour autant, les consultations ne sont, pour l’heure, pas vouées à devenir 100 % à distance. Elles devraient être réservées dans un premier temps aux personnes qui se trouvent en situations d’isolement ou dont les pathologies nécessitent une surveillance accrue. Cette solution peut également être envisagée pour les patients qui rencontrent des problèmes de mobilité.
Un meilleur remboursement de la téléconsultation
Compte tenu du contexte de crise de la covid-19, le gouvernement a fait passer deux ordonnances au Journal Officiel les 10 et 20 mars 2020. Leur objectif était d’assouplir les conditions d’utilisation de cette technologie. On peut par exemple utiliser un simple logiciel de partage vidéo comme Skype, Facetime ou WhatsApp alors que ce n’était pas le cas auparavant. De plus, le remboursement était similaire à celui d’une consultation classique en cabinet. Pour que cette technologie reste au coeur des développements futurs de la médecine, il faudra s’assurer que ces conditions soient toujours valables.
Quel que soit l’avenir de cette téléconsultation, il semblerait que l’Assurance Maladie ne souhaite pas reléguer le parcours de soins au second plan. Pour l’heure, elle n’est donc autorisée que lorsqu’elle est réalisée par le médecin traitant. Il n’est pas question de recourir à des plateformes dédiées avec des médecins qui ne connaîtraient pas les dossiers des patients.
Télémédecine et données personnelles
Si le contexte sanitaire actuel explique le recours aux téléconsultations, à long terme, la protection des données des patients peut devenir un véritable problème. Un protocole spécifique doit être suivi afin de s’assurer que toutes les mesures ont été prises pour garantir la sécurité des données.
À l’instar du paiement en ligne par carte bancaire, il est légitime de rencontrer encore des réticences et une certaine méfiance de la part des patients. La perspective de voir son dossier médical dérobé peut les freiner pour recourir à de telles pratiques. Les attaques de cybercriminels, souvent suivies par des fuites de données (de parfois plusieurs milliers ou dizaines de milliers de comptes), ne peuvent pas être ignorées même si les grandes plateformes mettent tout en oeuvre pour sécuriser leurs outils.
La téléconsultation représente donc davantage une solution pour certains patients qui pourront en profiter. Pour autant, elle ne peut pas encore se substituer aux consultations classiques qui conservent leur intérêt. Il n’est pas question que la technologie oblige le recours à ce type de pratique, en dehors d’une crise sanitaire.